L’Ardèche, c’est un des territoires de vacances de mon enfance. Et ça fait des années que je ne suis pas parti en autonomie avec des amis en pleine Nature pour randonner et bivouaquer à l’improviste en camping dit « sauvage ». 2013, c’est la bonne ! Et qui plus est, à vélo !
Les années passent…
J’aime partir en autonomie avec quelques amis en pleine Nature, bivouaquer à l’improviste, dormir à la belle étoile lorsque les conditions s’y prêtent… Mais je l’avoue, tout seul, j’ai peur de m’ennuyer ! Pour ce type de projet, je suis donc dépendant des autres. Et ces dernières années, je n’ai pas eu de chance. Après plusieurs tentatives avortées pour des problèmes de santé de mes compagnons de voyage, je n’ai pas abandonné. Je suis sûr de trouver quelqu’un de motivé et disponible.
Été 2013 : je soumets l’idée à mon pote Marc. ça le tente. Banco !
Destination : l’Ardèche
Le projet est lancé ! Mais quelle destination ? On évoque plusieurs pistes. Ce sera finalement l’Ardèche. Et plus précisément le plateau du sud du Vivarais entre Vallon-Pont-d’Arc et Voguë. J’y suis allé en vacances de nombreuses fois pendant l’enfance. Peu après la majorité, j’y suis retourné en randonnée (à pieds) pour voir l’évolution des lieux. Pour une première à vélo, c’est peut-être un atout, qui sait ? De plus, la période de fin septembre est incertaine sur le plan météo. Dans ce secteur méditerranéen, on aura plus de chance de trouver du soleil et des températures clémentes !
Enfin, dernier élément emportant l’adhésion, l’accès en train depuis Lyon est facile. En effet, malgré la mise en service de la ligne à grande vitesse jusqu’à Marseille en 2001, des TER circulent toujours sur la ligne classique PLM (Paris – Lyon – Méditerranée). On peut donc emmener son vélo non démonté avec soi sans problème dans la vallée du Rhône et descendre à Valence, Montélimar ou encore Pierrelatte.
Le type de rando
La seule difficulté de l’exercice sera le relief entre la vallée du Rhône et le Plateau sud-ardéchois. On acte donc certaines principes :
- N’ayant jamais fait (pour ma part), de grosses sorties à vélo, on envisage des étapes d’une quarantaine de kilomètres.
- Grâce au GPS de Marc, on choisira chaque fois que possible des petites routes pour pouvoir rouler sereinement. Et discuter !
- On dormira en camping sauvage…
- … ce qui ne nous obligera pas à prédéterminer nos étapes. On pourra donc s’adapter aux conditions météo, à notre état de fatigue et imprévus de toute sorte !
C’est parti !
Jour 1 – Sortir de la ville et trouver un couchage (les hauteurs de Pierrelatte)
Le voyage en train
Prendre le tain avec son vélo, c’est pour moi une première. Notre TER est un train Corail. Les espaces vélos sont bien affichés. En voilà un !
Les espaces vélos sont en bout de voiture. Ils peuvent accueillir deux montures suspendues à un croc de boucher (ou presque). Mais pour y arriver, il faut franchir les portes. La largeur est réduite et le plancher particulièrement haut par rapport aux trains modernes. On découvre alors rapidement que monter avec son vélo chargé, c’est compliqué… Mais à deux, on peut s’organiser. On est enfin dans le train. Tout va bien !
Remonter le barda sur le vélo
Arrivés en gare de Pierrelatte, il faut remonter les sacoches. Pour Marc, c’est simple. Elles se clipsent sur le porte-bagage. Pour moi qui ai investi il y a trois ans dans un modèle plus basique à base de scratchs, c’est un peu plus long…
Sortir de Pierrelatte pour planter la tente
Nous voilà partis. Le Rhône franchi, nous montons sur les hauteurs en direction de Vallon-Pont-d’Arc. Puisque nous sommes partis le soir « après le travail », notre priorité est de trouver où planter la tente. Le paysage est constitué de vignes presque exclusivement. Un coin nous semble plus sympa que les autres. C’est planté !
Jour 2 – Sur les traces de mon enfance
Le matin, nous sommes réveillés par des voix proches que nous identifions comme étant celles du propriétaire du terrain et d’un acheteur. Pourquoi cela ? Nous captons (à peu près) ce discours : « Voici donc le terrain… Et une tente de cyclistes… » Nous nous préparons à plier bagage au plus vite mais les voix s’éloignent sans autre forme de procès. On supposera que la pratique est habituelle dans cette région.
Le Pont d’Arc
Pour passer de la vallée du Rhône au plateau du Sud-Ardèche, il faut monter ! La première partie du trajet du jour se situe donc sur les hauteurs. Nous pouvons admirer notamment de loin le Pont d’Arc, pont naturel creusé dans la roche par la rivière Ardèche.
Ce que Wikipédia en dit :
Le pont a une longueur de 60 m pour une hauteur de 54 m et a été découpé par la rivière Ardèche. C’est un endroit réputé des canoéistes, car ils peuvent passer en dessous et même toucher la roche. Il est surnommé la « porte d’entrée naturelle » des gorges de l’Ardèche.
Les anciennes voies ferrées du Plateau
Nous reprenons le vélo en direction de Ruoms. C’est l’occasion d’emprunter avec émotion une (toute) petite partie de l’ancienne voie ferrée du Teil à Alès. J’ai vu disparaître les voies progressivement à partir de 1989 alors que les lignes avaient été fermées un an avant. Pour plus de renseignements, voir l’article « Réflexion : Réouvrir les voies ferrées du département ardéchois« . J’ai appris ensuite qu’une voie verte devait être installée sur cette ligne ferroviaire. Ce sera l’occasion de revenir !
Le village de caractère de Labeaume
Après un ravitaillement au premier commerce rencontré sur notre route, nous filons en direction de Labeaume, village « de caractère », comme on dit.
Un des éléments marquants du village dans son environnement est l’intégration au cœur des gorges de la Baume. Pour Wikipédia :
Le plateau calcaire des Grads descend en falaises abruptes vers la rivière de la Baume, et le village s’accroche à ces pentes escarpées. Les faïsses, terrasses comme des jardins suspendus nichés dans de petits espaces, sont une des curiosités de la région. De nombreuses cavités (baumes) ont servi d’habitats troglodytes.
La nuit dans les gorges de la Baume
Le soir arrive. Nous profitons de la rivière pour faire un peu de baignade et toilette. Nous plantons la tente le plus loin possible de l’eau mais je ne suis pas rassuré. Je connais bien le lieu. Les épisodes cévenols sont aussi imprévisibles que dangereux. Le village est régulièrement inondé. Au cœur des gorges, il n’y a pas d’échappatoire ! Même s’il fait beau et que la météo n’annonce pas de pluie dans les environs, je ne dormirai probablement pas sur mes deux oreilles.
Jour 3 – Le paysage méditerranéen du plateau du Sud-Ardèche
J’ai fini par m’endormir. La nuit n’aura pas été si terrible que ça et visiblement, je suis toujours vivant !
Ce troisième jour est différent. Nous étions venus dans la région sur ma proposition afin de voir l’évolution du territoire. Maintenant que c’est fait, nous sommes libres de nous rendre où bon nous semble. Notre seule contrainte est une escale à Valence au soir du cinquième jour pour prendre le train de retour le lendemain matin.
Le train de l’Ardèche méridionale
Nous nous rendons en direction de Voguë et Saint-Jean-le-Centenier pour voir comment se porte le « train de l’Ardèche méridional ». Il s’agit d’un train touristique qui circule sur une partie des voies ferrées évoquées précédemment. Pour une fois que j’en ai l’occasion, j’aimerais bien l’emprunter. Malheureusement, l’association a coulé et le service est supprimé. Mes réflexions sur la réouverture progressive de la ligne (voir lien plus haut) tombent à l’eau… Pour compenser, voici une vidéo de ce que j’ai raté :
Retour sur les hauteurs
Nous nous rendons alors à Villeneuve-de-Berg que nous atteignons après une longue côte assez éprouvante. Après une boisson fraîche, nous voici repartis.
La journée nous a permis, pour l’instant, de mettre une image sur l’Histoire du Vivarais. Le département ardéchois a connu un fort exode rural. Heureusement, le développement d’un tourisme raisonnable et une forme de « retour à la terre » militant (agriculture bio…) ont permis d’enrayer la tendance. Mais les traces du passé agricole peuvent s’observer grâce aux anciennes cultures terrasses qu’on aperçoit sous la végétation.
La pause nous a permis de décider de notre itinéraire. Nous allons chercher un endroit où dormir dans les forêts qui surplombent Alba-la-Romaine. Nous visiterons les ruines de cette ville antique demain avant de rejoindre la vallée du Rhône pour commencer à remonter le Rhône en direction de Valence.
Jour 4 – Rejoindre la vallée du Rhône
Après une nuit marqué par quelques gouttes (rien de bien méchant) dans notre petit spot au milieu de la forêt (difficile à trouver), direction Alba-la-Romaine ! Je ne l’ai pas précisé jusqu’à maintenant mais ce n’est pas mon VTC que j’utilise. Pour une raison que j’ignore, il inutilisable depuis la veille du départ. En urgence, j’ai emprunté un VTT à un ami. Et heureusement ! Pour rejoindre la cité antique, il faut descendre au milieu de la forêt. Mais sans expérience, avec les sacoches, face à une pente particulièrement raide, je préfère jouer la sécurité. Je descendrai à pieds.
La cité antique d’Alba-la-Romaine
Nous voici à Alba-la-Romaine. Le village actuel est hérité du Moyen-âge. Cependant, comme son nom l’indique, la ville a un passé gallo-romain. Direction le site archéologique. Pour nous lyonnais, c’est l’occasion de comparer nos vestiges ! Selon Wikipédia, la cité a connu une certaine importance pendant la période gallo-romaine avant d’être abandonnée.
Alba était sous l’empire romain la capitale des Helviens dont le territoire recouvrait la région du bas Vivarais. […] Installée sur une voie de communication reliant la vallée du Rhône au Massif central, la ville antique, dépourvue d’enceinte, s’étend sur 30 hectares, circonscrite par les nécropoles de Saint-Martin (Ier et IIe siècles ap. J.-C.) au sud-est et de Saint-Pierre (IIe ‑ IVe siècles ap. J.-C.) à l’ouest. La ville est organisée selon un réseau de rues perpendiculaires orientées nord-sud (cardo) et ouest-est (decumanus). Son périmètre est évalué à quatre kilomètres.
Malheureusement, le musée n’ouvrira que dans un mois. Tant pis ! Là encore, ce sera l’occasion de revenir.
Un retour vers la vallée du Rhône pas vraiment confortable pour les cyclistes
Sur le plan cyclable, cette journée est décevante. Bien peu d’axes permettent de rejoindre la vallée du Rhône. Il faut en trouver un qui soit, si possible, agréable avec un vélo chargé. Je me prends à repenser à la voie ferrée entre le Teil et Voguë. Je préférerais qu’on la conserve pour y faire circuler des trains, conformément aux projections à long terme de la région Rhône-Alpes mais une liaison entre la ViaRhôna et le plateau serait particulièrement agréable et moteur de tourisme. A suivre.
Le soir approchant, nous cherchons un couchage de l’autre côté du Rhône. Nous sommes dans le département de la Drôme, plus peuplé. Heureusement, nous trouvons un site ayant accueilli des ruches. Le terrain est suffisamment plat et assez confortable. On va pouvoir se reposer après une journée assez fatigante.
Jour 5 – Rejoindre Valence par la ViaRhôna
Pour le cinquième jour, il nous reste plus de 60 km pour rejoindre Valence. Ma sortie la plus longue est pour l’instant de 50 km. C’est donc un challenge !
Une portion de la ViaRhôna pour découverte
Pour remonter la vallée du Rhône à vélo, le terrain est plat et balisé puisqu’il s’agit de la ViaRhôna, la piste cyclable du Léman à la Méditerranée. La véloroute voie verte est un itinéraire national recensé dans un schéma de 2011 (lien vers le PDF présentant l’état d’avancement pour avril 2015 du Schéma National des Véloroutes et des Voies Vertes « SN3V »). Connecté à un itinéraire helvétique, depuis des années, elles souhaiterait intégrer le réseau EuroVelo et porter le n°17. Il est vrai que pour les portions ouvertes, la qualité est au rendez-vous !
Valence, préfecture de la Drôme
Nous voici à Valence. Malgré la fatigue, tout va bien. Nous passons la nuit chez mon ami Maxime puis retour en train le lendemain avant de reprendre notre vie normale, le… train-train…
Bilan de la rando dans le Sud-Ardèche
Cette première rando est pour moi une confirmation. Appréciant la randonnée itinérante à pieds et le vélo, je me doutais que le mariage des deux me plairait ! En 1999, j’avais déjà fait une marche itinérante sur le plateau ardéchois. J’avais trouvé dommage de devoir parfois passer une journée complète sans rencontrer ce qu’on appelle désormais généralement un « point d’intérêt » (nouveau panorama, élément architectural ou minéral remarquable, etc.). A vélo, le problème disparaît. Même en adoptant un rythme tranquille, on peut parcourir très facilement plus de 40 km dans une journée. Marc et moi sommes d’accord : dès que possible, on repartira !
Fiche signalétique / résumé de la rando vélo entre plateau sud-ardéchois et vallée du Rhône
Période
Fin septembre 2013
Durée
6 jours et 5 nuits avec train compris
Étapes prévues / distance totale réellement parcourue
Prévu : 35 à 40 km par jour
Réalisé : 240 km
Trajets aller et retour
Train jusqu’à Pierrelatte à l’aller et depuis Valence pour le retour
Couchage
Sous tente en camping dit « sauvage »
Repas
Petit-déjeuner : Froid
Midi : pique-niques achetés sur place
Soir : préparés sur le réchaud (soupes déshydratées, semoule…)
Vu/visité
Gorges de l’Ardèche et Pont-d’Arc, Labeaume (village de caractère), Alba-la-Romaine (ruines de cité antique et château), Valence…
Rappel
Comme pour l’ensemble des articles de ce blog, je n’ai eu aucun contact d’aucune sorte avec les marques éventuellement citées. Le cas échéant, j’ai acheté sur fonds propres les produits ou services évoqués.