Hasard du calendrier : alors que je relate à des amis la difficulté à voyager en train avec son vélo, Libération publie un article sur le sujet dans la très intéressante rubrique Pignons sur rue. Je connais bien le problème pour occasionnellement faire des randonnées à vélo incluant un trajet en train au départ et/ou au retour.

Voici un retour d’expérience de l’été 2015 pour un trajet La Rochelle – Lyon avec un vélo tous chemins (VTC) standard.

• Les vélos démontés (ou pliés) dans une housse sont acceptés en tant que bagage et n’entraînent pas de surcoût. Problème : la dimension maximale de la housse est adaptée essentiellement aux vélos de route (en démontant juste la roue avant). Pour les VTC, VTT ou autre, il faut généralement démonter les deux roues et le garde-boue arrière…

Vélos classiques non démontés

• TGV : Dans certains trains à grande vitesse, on peut prendre le vélo non démonté. La réservation est obligatoire et coûte 10€ supplémentaires… par TGV constituant le trajet ! De plus, il faut trouver le bon TGV. Voir ci-après.
• Intercités : Dans les trains nationaux non-TGV (les anciens « Corail »), les vélos non démontés sont acceptés gratuitement. La réservation est possible et conseillée. Mais les vélos ne sont pas acceptés sur tous les trains d’une même desserte (ex. Nantes – Lyon). Il faut bien vérifier !
• TER : Dans les trains régionaux ou inter-régionaux classés en « TER », les vélos non démontés sont acceptés gratuitement dans la limite des places disponibles… En heures pleines, les places seront généralement prises par les pendulaires (ce qui est très bien). Préférez donc les heures creuses et notez qu’il n’est pas possible de réserver une place pour son vélo.

Autres vélos et remorques

• Tous trains SNCF : Alors que la pratique du vélo pour des vacances – notamment en famille – se répand et que les usages évoluent, les remorques, triporteurs et autres tandems ne sont acceptés qu’en tant que colis. Il n’est pas question de voyager avec.

Partie 1 : Vélo livré, démonté ou avec moi dans le train ?

Partant de ce constat, j’ai commencé à me demander quelle situation serait la meilleure solution pour moi :

Faire transporter mon vélo par train comme un colis ?

Cette solution est mise en avant par la SNCF. Notons qu’elle est coûteuse (80€ selon l’article de Libération ou l’association Droit au vélo) et qu’elle empêche toute flexibilité.

Louer un vélo sur place ?

Cette solution est difficilement envisageable pour quiconque peaufine son vélo avant de partir avec sur plusieurs jours. Elle est probablement peu adaptée à des trajets qui ne se font pas en boucle et empêche toute flexibilité.

Mettre mon vélo dans une housse aux dimensions SNCF (120 cm x 90) ?

Comme le fait justement remarquer l’association Droit au vélo, cette housse n’est adaptée que pour les vélos de route. Pour les autres, il faut démonter des pièces qui sont longues à remonter, ce qui est fastidieux lorsqu’on a besoin de son vélo pour finir son trajet !

Conclusion intermédiaire : il me fallait chercher une solution pour voyager avec mon vélo non démonté.

Partie 2 : Quel trajet ?

Lorsqu’on réserve avec Capitaine Train ou Voyages-sncf.com, un trajet La Rochelle – Lyon se fait en 6h (plus ou moins selon les horaires). Les trains qui sont proposés sont de type TGV uniquement. On choisit généralement entre deux solutions : soit n’avoir qu’un seul changement (1h environ entre Paris Montparnasse et Paris – gare de Lyon), soit deux (le premier à Poitiers et le second à Massy TGV).

Hypothèse du trajet TGV tel que proposé par Capitaine Train ou Voyages-sncf.com

Comme le rapportent Libération et Droit au vélo, même si la carte des liaisons TGV accueillant les vélos est rassurante, dans la pratique, ce n’est pas aussi simple !

Pour mon trajet, les TGV Atlantique acceptaient les vélos non démontés… mais pas ceux qui passaient par Massy TGV ou Marne-la-Vallée – Chessy. Il fallait donc envisager faire la correspondance Paris Montparnasse – Paris Gare de Lyon en vélo en 1h. Ne connaissant pas les déplacements à vélo dans la capitale, j’ai écarté cette option.

Par ailleurs, pour la suite de mon trajet vers Lyon, les TGV Duplex n’accueillant pas les vélos non démontés, il fallait une desserte assurée avec des rames sans étage. Je devais envisager dès lors une arrivée à l’aéroport Lyon Saint-Exupéry, soit à 25 km environ du centre (où se trouvent les gares de Perrache ou Part-Dieu). Un tramway parcourt rapidement la liaison entre l’aéroport et la gare de Lyon Part-Dieu (RhônExpress)… mais il n’accueille pas les vélos non démontés ! Le trajet entre l’aéroport et ma destination dans Lyon n’est pas forcément très agréable à vélo à première vue (sauf la piste cyclable longeant le tramway à partir de Meyzieu), d’autant que je ne connais pas du tout le secteur. J’ai donc écarté également cette solution.

Seule solution pour moi : TER et/ou Intercités

La solution restante était de prendre des TER et des Intercités en espérant trouver des correspondances ni trop courtes (au moins 20 min pour pouvoir se rendre au train suivant sans trop courir, y compris si on est arrivé en retard !), ni trop longues (disons moins de 2h chacune). De nos jours, c’est compliqué… surtout si on n’a pas envie de dormir quelque part au milieu de son itinéraire ! Heureusement, étant à ce moment-là en recherche d’emploi, ma date de voyage était flexible. J’ai pu composer un trajet avec seulement deux correspondances ne dépassant pas une heure chacune, soit 10h de temps total de trajet contre 6h avec TGV, tout de même…

Partie 3 : La cerise sur le gâteau !

L’arrivée de Capitaine Train a permis de découvrir une interface bien plus agréable et pratique pour l’usager/client que celle de la SNCF. On a ressenti comme un goût de modernité au vue de l’interface épurée et intuitive, la rapidité d’affichage des résultats… Mais puisque Capitaine Train ne prend pas en charge les voyages avec vélo(s) non démonté(s), ce type de trajet nous ramène quelques années en arrière… c’est-à-dire au fameux site Voyages-sncf ! A ce propos, connaissez-vous le fameux « via » ?! Si vous voulez vous en sortir, c’est obligatoire !

Le « via », l’outil indispensable pour voyager moins cher en train et/ou avec son vélo

Conclusion

Qui cherche trouve…

Grâce au moteur de recherche de la DeutscheBahn et ses nombreuses options, j’ai pu trouver une solution remplissant mes critères : voyager avec un vélo non démonté entre La Rochelle et Lyon en moins d’une journée et sans passer plus de deux heures entre deux trains. Tout s’est bien déroulé. Mais pour bénéficier de mes réductions liées à la carte SNCF « week-end », j’ai dû prendre deux billets différents. A ce stade, on est très loin du slogan « A nous de vous faire préférer le train !« .

L’usage du vélo se répand et constitue même un enjeu de tourisme « vert » pour les campagnes. Les départements, Régions ou intercommunalités accompagnent et amplifient cet engouement. La position actuelle de la SNCF est déconnectée de cette réalité. Elle incite à des alternatives (vélos pliants, parkings à vélo sécurisés en gare…) qui peuvent s’envisager pour les pendulaires mais s’appliquent plus difficilement au voyage à vélo. La flexibilité qu’offraient les convois tractés n’est plus possible avec les rames actuelles. C’est une contrainte externe. Mais pour autant, il est surprenant d’aller à l’inverse d’un mouvement (le renouveau de l’usage du vélo et notamment sa dimension « voyage ») !

Et pour l’avenir ?!

On peut enfin noter que si les craintes à propos des autocars « Macron » se vérifient (suppression de TER et/ou Intercités), le problème sera encore plus important. En effet, les cars n’acceptent généralement pas les vélos…